We don't talk anymore | Ft. Aaron

Même si on dit que la famille c’est important, c’est aussi très compliqué. Cameron n’avait pas vu son frère depuis quelques années déjà. Il lui avait clairement dit qu’il était hors de question qu’il revive la même chose avec lui que ce qu’il avait vécu avec son père. Il avait refusé de le voir partir, missions après missions en attendant que quelqu’un se pointe à sa porte pour lui annoncer son décès. Pas question de le soutenir dans un suicide anticipé. S’il voulait crever il n’avait qu’à s’ouvrir les veines comme tout le monde, mais pas aller servir de chair à canon à l’autre bout de la planète pour des conflits qui ne profitent qu’aux politiciens. Et pourtant, il se tenait là, devant chez lui, comme un con à fixer la porte. Il pourrait partir. Après tout, il avait promis à sa mère qu’il se rendrait chez lui, il ne lui avait pas promis qu’il frapperait à la porte ou même qu’il lui adresserait la parole.

Il avait ouïe dire par sa sœur qu’Aaron n’allait pas particulièrement bien, mais qu’il le cachait. Qu’est-ce qu’il pouvait bien y faire lui. Et sa mère qui lui tenait la jambe et lui faisait la morale constamment pour qu’il fasse le premier pas. Elle avait su le convaincre à coup d’argument de drama-queen. “Je veux que mes deux fils s’entendent bien, je veux pas mourir pendant que vous vous faites la guerre, et je ne suis plus toute jeune” et bla bla bla. Elle aurait dû tenir ce genre de discours pour empêcher son fils de s’engager dans l’armée. Il aurait dû trouver une autre solution, quitte à lui tirer lui-même une balle dans le pied pour le rendre inapte. Parce que monsieur Aaron Anderson était trop entêté de toute façon pour écouter qui que ce soit. Une fois qu’il avait une idée en tête, il la gardait, quelle tête de mule celui-là. Cameron se trouvait là, à râler tout seul devant sa porte, à faire des grimaces. Quelqu’un l’aurait vu, il l’aurait pris pour un fou. Il inspira un grand coup avant de toquer à la porte. Une seconde passe, puis une deuxième, et une troisième et ainsi de suite. Mais Cam’ n’attendit pas longtemps.  

“J’aurais qu’à dire qu’il était pas là”

Il était prêt à tourner les talons, rentrer chez lui avec un “j’aurais essayé” et il aurait passé le reste de sa soirée avec Liam, tranquille, sur le canapé à profiter d’un film pourri, lové contre son chéri. Mais non, il fallait que son frère ruine ses plans, de toute façon il ne savait faire que ça celui-là. Aaron ouvrit cette saleté de porte.

“Salut…”

C’était un bon début. Pas sûr qu’il continue sur cette lancée là. L’entente n’était pas des meilleures depuis un moment déjà, et ce n’était pas pour rien qu’ils ne se parlaient plus.