(1M) Si près et pourtant si loin

• Sentimentalement, c’est un long fleuve tranquille depuis plus de quatre ans. Melinda n’arrive pas à tomber amoureuse, enfin, elle n’y arrive plus. Comme beaucoup de jeune femme, elle est tombée amoureuse assez jeune, elle devait avoir quinze ans. Un gentil garçon, c’était le petit couple parfait, mais l’adolescence est loin d’être la période la plus stable de notre vie et le couple se sépara avant la fin du lycée. Mais il y a toujours eu ce petit garçon, du même âge qu’elle. Ils ont toujours été dans la même école, quelque fois amis, toujours en train de se taquiner, se chicaner. Ils pouvaient passer des soirées entières à discuter et le jour d’après, ils se disputaient, pour une raison souvent fluette. Ils ont toujours été là l’un pour l’autre, riant ouvertement de tout ceux qui les voyaient en couple. Jusqu’au bal du lycée, le fameux bal de promo. Une énième chicanerie et il finit par la faire taire en posant ses lèvres sur les siennes. C’est comme si c’était une évidence, celle que tout le monde voyait sauf eux. Bien sûr, ce n’était pas tout beau tout rose entre eux, toujours passionnelle. A l’université, ils se construisaient ensemble, tout en réussissant à profiter de temps en temps de leur jeunesse. Il n’était pas forcement dédié à faire des études, contrairement à Melinda qui s’épanouissait. Ils s’étaient fiancés, ils avaient vingt-quatre ans, le mariage était prévu presque deux ans après, le temps de mettre de l’argent de côté. Ils emménagèrent ensemble, tout se faisait tranquillement, de la bonne façon, leur relation passionnelle et fusionnelle trouvait sa stabilité. Jusqu’au moment où il lui avoua qu’il avait trouvé sa voie, qu’il voulait s’engager dans l’armée, six mois après les fiançailles.

• Melinda n’avait pas eu le choix d’accepter le choix de carrière de son père, elle avait grandi comme cela, mais ne s’était jamais totalement consolé de sa perte. Pour son frère, elle a toujours tenté de le soutenir, de comprendre son choix, tout en pensant à sa mère et son autre frère, c’était assez conflictuelle, elle ne voulait pas que ça le soit aussi avec elle. Pourtant, elle avait toujours si peur et c’est comme si elle respirait de nouveau à chaque fois qu’il rentre. A présent, l’homme qu’elle aime et avec qui elle partage sa vie voulait aussi s’engager. Et c’était dès maintenant, avant qu’il soit trop âgé. Melinda tenta d’être compréhensive, comme toujours, de le soutenir. Mais quand il partit, elle se rendit compte que c’était trop dur. Elle ne pouvait pas réussir à vivre avec la douleur de son père, la peur pour son frère et maintenant, pour son fiancé. A la fin de sa première mission, le temps d’une permission, elle dût lui parler de toutes ses inquiétudes, de son mal-être. Mais pouvait-il vraiment taire son ambition et ses désirs de carrière pour elle ? Non et elle ne pouvait pas non plus lui demander. A son réveil, une lettre. Il lui laissait sa possibilité de partir, de le quitter, malgré que ça le briserait. Melinda avait six mois de nouveau seuls, six mois à peser le pour et le contre, mais surtout, la peur, tellement de peur. Quand il rentra de mission, il trouva à son tour une lettre. Mélinda ne pouvait pas lui poser d’ultimatum, mais elle ne pouvait pas vivre comme cela. Il choisit de ne pas venir la voir et quitta Chicago. Melinda n’a jamais révélé cela à sa famille, surtout pas à son frère. Depuis, elle collectionne les petites histoires sans grand intérêt.